It’s A Beautiful Place, le nouvel album de Water From Your Eyes qui sortira le 22 août, s’ouvre sur l’instrumental en apesanteur « One Small Step » – un prélude parfaitement adapté à ce qui représente un grand pas en avant pour le duo new-yorkais. L’album est une mégalopole étincelante : une vue satellite des ères et des formes musicales, une relecture du répertoire Y2K à la fois émerveillée et consciente de sa place dans l’immensité.
« Finalement, c’est devenu un album sur le temps, les dinosaures et l’espace », explique Nate Amos. « On voulait proposer un large éventail de styles tout en reconnaissant que tout cela n’est qu’un petit clignement dans l’échelle du temps. »
Water From Your Eyes accompagnera la sortie de It’s A Beautiful Place par une vaste tournée en tête d’affiche en Amérique du Nord et en Europe qui passera par Paris le 2 décembre (Boule Noire) et Lyon le 3 décembre (Sonic)
Les billets seront en vente à partir du 6 juin à 10h (heure locale).
Depuis la sortie en 2023 de Everyone’s Crushed, leur premier album chez Matador et véritable révélation critique – figurant dans les classements de fin d’année du New York Times, The Guardian, Pitchfork, NME, Vogue, Wired et Rolling Stone – Rachel Brown et Nate Amos sont devenus des piliers de la scène alternative new-yorkaise, et l’un des groupes underground les plus respectés.
Sur scène, ils se sont étoffés en quatuor, s’associant avec le guitariste Al Nardo et le batteur Bailey Wollowitz du duo new-yorkais Fantasy of a Broken Heart. Ils ont joué sur d’immenses scènes en première partie d’Interpol, notamment devant 160 000 spectateurs à Mexico.
De retour à New York, le groupe a lancé une série de concerts DIY sur bateau dans l’East River, invitant des figures de proue de la scène locale comme YHWH Nailgun, Model/Actriz, Frost Children et Kassie Krut.
Entre-temps, Brown a sorti un nouvel EP sous le pseudonyme thanks for coming, et Amos un album salué par la critique sous son projet solo This Is Lorelei.
La majorité de It’s A Beautiful Place a été enregistrée l’été dernier, comme tous les autres projets de WFYE : dans la chambre d’Amos, sous le regard d’un vieux poster déchiré de Robin Williams à l’époque de Mork & Mindy.
« En gros, » plaisante Amos, « Robin est comme un membre silencieux de Water From Your Eyes. »
Mais cette fois, l’écriture et l’enregistrement ont été en grande partie façonnés par la dynamique d’un groupe live à part entière :
« Quand on joue avec un groupe, on a tendance à écrire en pensant à ça – c’est la première fois que j’écrivais quelque chose pour WFYE en imaginant qu’on jouerait ailleurs que dans un sous-sol », remarque-t-il.
À l’image de cela, ‘Nights In Armor’ commence sur une tornade de Stratocaster à la Frusciante.
‘Born 2’ est une tempête guitaristique immersive, avec des paroles inspirées par la littérature de science-fiction et la théorie politique, tandis que la voix de Brown plane :
« the world is so common / and born to become / something else ».
« Je trimballe The Dispossessed (roman utopique anarchiste de 1974 par Ursula K. Le Guin) et There Is No Unhappy Revolution (essai de 2017 par Marcello Tarì) dans mon sac depuis plus d’un an », confie Brown.
« Ils ont voyagé sur quatre continents et traversé quasiment tous les États américains. Pendant l’écriture de l’album, j’ai largement survolé les deux. »
‘Playing Classics’ est une épopée de 6 minutes à la rythmique four-on-the-floor, avec un motif de piano étrange qui évoque l’univers sonore unique de WFYE.
Le folk-rock en apparence simple de ‘Blood On The Dollar’ révèle la voix de Brown à son niveau le plus brut et émotif, tandis que le solo de guitare d’Amos atteint le sommet soul-rock de l’album.
Tout au long de It’s A Beautiful Place, on sent un groupe qui a transformé ses bizarreries en coups de maître.
Sombre et mélancolique, fasciné et effrayé, c’est un peu Blade Runner avec une touche de WALL-E, Kubrick et Asimov avec un soupçon de Jay et Silent Bob. Ce sont des chansons qui regardent vers l’extérieur, conscientes de notre petitesse, qui questionnent notre place dans l’univers tout en admirant la beauté qui nous entoure.
« Une chanson peut sembler tout exprimer, traduire d’immenses paysages émotionnels », dit Amos. « Mais ton album préféré compte moins qu’une seule personne. Cette personne est moins fascinante qu’un dinosaure. Ce dinosaure est moins important qu’une montagne. Cette montagne est ennuyeuse comparée à une planète. Et cette planète n’est qu’une partie d’un système solaire. Ce système solaire est microscopique à l’échelle d’une galaxie.
Si la musique – et toutes les pratiques humaines – sont insignifiantes à l’échelle cosmique… pourquoi est-ce que ça semble toujours aussi important ? »